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NOUS AVONS PARLE AUX STARS DE LA SCENE DRAG QUEEN DE EAST LONDON

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Au sommet de l´étrange communauté se trouvent les drag queens : les étincelantes gardiennes de la scène.

Des émeutes à Stonewall jusqu´aux parades de la fierté, vous pourriez être surpris par l´attention qu´une audience peut porter à un type portant du rouge à lèvres et des talons. Les Drags apportent une forme brillante d´échappement, un spectacle underground pour ceux qui vivent aux bords de la culture traditionnelle. Cela permet aux personnes LGBT d´embrasser les différentes facettes de leurs caractères desquelles la société se moque le plus.
 
Habillé Comme Une Fille - un nouveau documentaire dirigé par Colin Rothbart et qui suit les vies les plus outrageuses de quelques drag queens de East London – est le dernier d´une série de spectacles de drags de hauts profiles qui ont récemment été diffusés sur les écrans britanniques.  Du culte de TV « RuPaul´sDrag Race » au « Les Drag Queens Britanniques de Londres », « Les Drag Queens Musulmanes » de Channel 4, au nouveau film fiasco Stonewall, il semble que les drags sont en train de renverser les portes obtenant l´acceptation de la culture conservatrice.



Mais ces 90 minutes de vol sur le mur documentaire, tournés à Londres dans le East End durant six ans, sont en quelque sorte moins glamoureux que d´autres représentations à l´écran. Les stars de « Habillé Comme Une Fille » ne sont pas enduites de sucre ; la scène dans laquelle elles étaient à Shoreditch était remplie de drogues et compliquée, comme l´est aussi leur style qui manque de glamour et d´un sex-appeal élevé.

Nous suivons une série de personnages qui se taillent une vie de drag sur la scène d´un club de Londres : Jonny Woo, le légendaire maître de cirque ; John Sizzle, une drag DJ avec un penchant pour la tapisserie ; et Scottee, la plus jeune de la bande, délaissée par sa famille et déterminée à devenir quelqu´un de grand. Rothbart se centre aussi sur « Tranny with a Fanny » Holestar, l´outrageux musicien trans Amber, et l´énigmatique PIA.

« NOUS N´ESSAYIONS PAS D´IMITER UN LOOK ! NOUS ALLIONS A PEACOCKS ET ACHETIONS CE QUE NOUS POUVIONS NOUS PERMETTRE. »

Contrairement à beaucoup de documentaires sur les drags, on ne contourne rien dans « Habillé Comme Une Fille ». Nous commençons en 2003, avec quelques queens, les unes sur les autres tirées par terre un dimanche après-midi, criant des numéros et dansant pendant que leur audience les regarde en détail. C´est leur légendaire bingo party. (Il y a beaucoup de gays, pas trop de bingo).

Mais que pousse les drags que ces gars ont célébrés ?


JONNY WOO AND JOHN SIZZLE. PHOTO: MICHAEL SEGALOV

Je rencontre Woo et Sizzle dans leur nouveau pub à East London, The Glory, qui devient rapidement une des étranges destinations les plus excitantes de la ville ainsi qu´une place pour l´entrainement de jeunes drag queens, voulant perfectionner leur art. Alors que nous nous asseyons pour parler, John Sizzle demande à Woo s´il était drag lorsqu´il grandissait et les deux se mettent à discuter, en buvant du jus de canneberge.
 
« Un peu, » il répond. « Je me déguisais et je jouais avec du maquillage, mais tout le monde fait ça… »
 
Alors que Jonny se souvient de lorsqu´il partait pour New York pour développer son drag, et dans le procès se sevrer de l´alcool et des drogues, Sizzle me dit que lui aussi a commencé à être un drag tôt dans sa vie. Lorsque ses parents étaient au pub, il mettait une robe sur lui et une paire de chaussures à plateformes.

« J´aimais la liberté de ma sœur, » il rigole.

Au moment de ses vingt ans, il commençait à s´habiller rapidement après des sessions de pub comme Grace Jones ou Madonna, avant de se rendre dans des clubs de S&M habillé comme le corps pourri de Marilyn Monroe. Alors que le drag se développe, Sizzle abandonne une carrière pleine de succès dans la publicité pour y travailler à temps complet. « J´avais la trentaine, et j´étais ennuyé par moi-même et par tout le reste, je profitais de l´anarchie de ce que l´on faisait. C´était punk, coquin et agressif. »

Il décrit le look comme désordonné, bien que ça n´était pas un choix de style intentionnel. « Nous n´imitions pas un look ! Nous allions à Peacocks (un magasin d´habits) et achetions tout ce que nous pouvions nous permettre. »

Tout en étant l´hôte de Lovebox et performant dans des spectacles à la Royal Opéra House, la vocation de Jonny Woo prenait aussi de l´élan. C´est parce qu´ils faisaient, au moins pour Londres, quelque chose de différent. Ils voyaient les drags de la vieille école pas sexy du tout, ils s´appelaient eux-mêmes les tyrannies, explorant l´idée d´une masculinité en talons et en slip de sport.
 
The balls were falling out of their bikinis, and turns out we couldn’t get enough of it.



Mais dans « Habillé Comme Une Fille », on ne voit pas que les queens sur scène. L´approche invasive sans excuse de Rothbart, nous emmène dans les vies des performeurs, allant derrière les portes fermées avec leurs amoureux, révélant un côté, de ces parfois agressives queens, que nous ne connaitrions pas autrement. Selon Woo, cela faisait partie du deal.

Mais le monde des drags a sa propre conception de la famille. Les familles – ou maisons – sont des communautés fermées de personnes LGBT, souvent avec une trans-femme ou une drag queen bien établie au top.

La culture familiale des drags est plus évidente dans Paris is Burning, un documentaire séminal tourné à New York dans les années 80, qui suit la culture drag des gays noirs et latinos de la ville et des scènes trans. « Nous sommes des familles », dit une queen, alors que deux garçons, de 13 et 15 ans, errent dans les rues de Manhattan à 3 heures du matin. Cela explique simplement, qu´en étant gay, il n´a pas de parents.

« JE CROIS QUE LA CULTURE GAY A COMMENCE A DEVENIR BEIGE IL Y A DIX ANS, » DIT AMBER, EN REMARQUANT L´AUGMENTATION DE RENCONTRES SEXUELLES ARRANGEES EN LIGNE.

Je demande à Sizzle et Woo s´ils considèrent leurs camarades drag queens comme leur famille, mais les deux ne sont pas d´accord avec la terminologie.  « Je n´ai pas commencé à être un drag jusqu´à quand j´avais 26 ans, » réponds Woo, qui suggère qu´il est trop cynique pour imaginer ceux qui l´entourent comme une famille adoptée. Sizzle rigole et appelle la troupe « un gang vilain et cassé » qui se développe suivant des grandes nuits dehors sur la scène.

Ils disent qu´ils sont amis, qu´ils se préoccupent l´un de l´autre, mais finalement la relation ne va pas plus loin.

Peut-être c´est parce qu´ils ont trébuché sur les drags plus tard dans leurs vies, alors que les réseaux et les amitiés sont déjà formés. Beaucoup de queens arrivent sur la scène très jeunes, en besoin de réseaux de support et de conseils.

Ils sont aussi les deux des hommes blancs et gays avec des vies de famille relativement stables (nous avons rencontré leurs parents dans le film), donc je pense qu´il est discutable que les nuances soient légèrement plus complexes.



Pour Amber, une trans-femme qui a fait sa transition au long du tournage, établir un contact avec son père est le principal. Sans ce contact, elle voit ceux qui l´entourent comme son unité familiale.

Il y a quelque chose d´étrangement émotionnel au sujet de l´histoire des seins de Amber, elle explique la relation entre ces queens qui s´étend au-delà de sortir la nuit et de finir par terre. Amber doit se payer une opération afin d´avoir des seins, et le gang prépare une fête pour elle – comme ils savent si bien le faire – pour que cela se passe : un groupe de personnes habillées comme des poupées marchent à travers Dalston, East London, pour rassembler des participants pour la fête impromptue et tapageuse dans un corridor d´église, ratissant bien plus que £4000 à la fin de la nuit.

« Vous ne choisissez pas votre famille, vous choisissez vos amis dans la vie...c´est ce qui s´appelle une communauté », elle dit à la caméra, visiblement émotionnée.

« Nous, en tant que famille, avons acheté des seins à notre sœur Amber, » dit quelqu´un d´autre.

Le monde des drags a plein de règles, de culture et de rituels ; vous devez apprendre ça de quelqu´un, un parent qui vous guide est une opportunité qu´il faut prendre. Cela vous permet aussi de voir l´étrange avec l´idée de l´unité familiale, en provocant ce qu´est le stéréotype d´un père et d´une mère. Pour ceux qui n´ont pas de contact avec leurs parents, déshérités à cause de leur sexualité, c´est un chez soi. Utilisant la famille, utilisant les amis ou utilisant la communauté, les relations construites sont fortes.



De retour au Glory, notre carton de jus de canneberge vide continue sur la table. Pendant que Sizzle et Woo évoquent leurs fêtes du passé remplies de drogues, je n´ai pas pu me retenir de penser ce qui allait se passer dans le futur avec cette scène. Ces deux sont encore forts mais l´environnement qui les entoure est en train de changer. Là où nous sommes assis à East London, l´embourgeoisement est en pleine action ; la communauté de contre-culture qu´ils ont aidée à construire, est maintenant une destination pour touristes.

La scène gay de Londres est aussi en train de changer, avec des pubs, bars et clubs fermant leurs portes régulièrement, et les apps comme Grindr, les moyens de rencontres en ligne, détruisent le besoin d´espaces physiques où les cultures étranges comme les drags peuvent exister.

« LA FAMILLE ? JE NE PEUX MEME PAS EPELER LE MOT FAMILLE »

Je parle avec Scottee, 28 ans, qui oscille sur les bords déglingués de son parcours. L´unique opportunité que nous trouvons pour parler c´est au téléphone un mardi matin, avant de son vol au Japon où il travaille sur une exhibition. Etant Artiste Associé à la Roundhouse à Camden, et un régulier sur Radio 4, Scottee qui n´a pas encore atteint l´âge de 30 s´est organisé une carrière.

Lui aussi, semble résigné au fait que la scène est en train de changer. « Je crois que la culture gay a commencé à devenir beige il y a dix ans, » il dit, faisant référence à l´augmentation de rencontres sexuelles qui s´organisent en ligne. Mais il pense aussi que c´est dû à « l´acceptation gay. » Les personnes LGBT se sont bagarrées pendant longtemps pour l´égalité dans les lois, au moins au Royaume-Uni. Et comme Scottee le voit, nous sommes sur le bon chemin pour l´achever.

Même les drogues qui alimentent ces drag queens ont changé maintenant. Sizzle and Woo se souviennent des semaines passées à prendre des pastilles, après lesquelles ils suffoquaient dans leurs drags pendant des jours. Mais maintenant ? Après 12 heures sous l´influence du Méphedrone, vous tomberiez dans le désespoir ou simplement vous chercheriez d´avoir du sexe, ne voulant pas paraître efféminé en spandex brillant.

Les drags sont sur nos écrans mais il y a un risque tel que la saturation, sans racines d´une contre-culture subversive, qui peut faire que les drags deviennent, fades et adhérées, à un ennui stagnant.
Mais beaucoup de jeunes drag queens que j´ai rencontrées aujourd´hui, voient encore leur art comme un outil pour un change social. Alors qu´une fois les queens avaient demandé l´égalité dans la loi, maintenant viennent les demandes centrées sur les droits des trans, misogynes, racisme et la honte du corps. Les postes du but ont, probablement, bougés mais ils voient que le travail doit être fait.
Les drags, comme toutes les formes de contre-culture, ont besoin de quelque chose lugubre et beige de quoi se rebeller. Avant c´était une révolte contre la société en général, alors se rebeller contre la triste scène LGBT elle-même peut logiquement être la prochaine étape. Si vous vous demandez comment cela peut arriver, en regardant Habillé Comme Une Fille est une très bonne place pour commencer.

« Habillé Comme Une Fille » est maintenant à disposition en DVD et En-Demande via Peccadillo.


 
‘Dressed As A Girl’ is available now on DVD and On-Demand via Peccadillo Pictures.
 

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